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lundi, 10 juillet 2006

"L'attente est en proportion du bonheur qu'elle prépare." Michel Dupuy

mardi, 20 juin 2006

Le Rituel peut commencer...

Nue (faut-il le preciser?) sur la pierre sombre et glaciale, j'attends votre bon vouloir...

Le froid humide me penetre et couvre mon corps de frissons, pointant mes seins lourds vers l'ouverture en etoile du plafond de la nef au dessus de moi. Le rayon de lune qui la traverse illumine mes formes alanguies d'une aura livide accentuant encore la paleur d'albatre de mon epiderme. Mes yeux s'evanouissent dans la clarete de l'astre de la nuit.

J'attends votre bon vouloir...Pourquoi m'avoir choisie? Il vous aurait ete si facile de ceder a la tentation de la jeunesse, de la fraicheur, de la beaute, de l'innocence. Que croyez-vous donc que je puisse apporter au Rituel ? Qu'esperez-vous de moi? Pourquoi atermoyer plus longtemps l'ineluctable?

J'attends votre bon vouloir...Je sens votre regard possessif et animal jouir du suplice de cette interminable temporisation. Je voudrais vous hair, vous fuir, vous laisser la, seul, faire face aux obligations de votre Charge et de votre Rang. Mais je ne le peux, ma volonte est deja assujettie a la puissance mystique du Rituel dont vous retardez encore l'avenement.

J'attends votre bon vouloir...Une douce torpeur m'envahit lorsque la Premiere Incantation, The Storm Makers song, s'eleve mysterieusement du coeur de l'autel et monte jusqu'a l'etoile. Mes sens s'engourdissent et s'aiguisent, mon esprit s'evapore, s'envolant avec les notes envoutantes de la melopee. Je ne devrais pas me soumettre ainsi a votre volonte. Dehors, le Prince m'attend. Comment me soustraire a votre caprice alors que les echos lancinants du chant mysterieux m'attachent a la pierre glaciale plus surement qu'une chaine?

J'attends votre bon vouloir...Un gros nuage repond a l'Incantation et vient occulter l'astre de la nuit. L'orage eclate dans un fracas d'eclairs et de tonnerre. Quelques grosses goutes glacees s'ecrasent sur mes seins, mon ventre, mes cuisses et me font sursauter.  Et puis, c'est le deluge. Mon corps se tord sous les assauts repetes de la pluie drue et vive, et un rideau d'eau s'ecoule de l'etoile du plafond tout autour de l'autel. Je devine votre aura puissante de l'autre cote de l'ecran liquide.

Nue sur la pierre sombre et glaciale, ruisselante, fouettee par l'ondee,  j'attends votre bon vouloir...

Le Rituel peut s'accomplir...

vendredi, 09 juin 2006

Le Rituel

Le Rituel

En d'autres lieux, cet édifice serait appelé cathédrale. Dans ce monde, il est le siège de mon pouvoir, symbole du Rang et de la Charge, il est aussi l'écrin du Rituel, raison pour laquelle je l'ai bâti au coeur des Marais, et voulu sombre, froid et humide. Presque tous mes prédécesseurs ont oeuvré pour acquérir le Rang et la Charge dans le seul but de pouvoir enfin accomplir le Rituel, pour la seule satisfaction de leurs plus bas instincts, sous couvert de la plus haute respectabilité. Le Rituel, au fil du temps et des compromissions, s'est ainsi trouvé à la fois dévoyé et édulcoré.

Moi-même, je n'ai pas été épargné par la tentation de céder à cette tradition honteuse : hier encore, je rêvais de la brune adolescente aux seins menus mais insolents que j'avais prévu de convoquer. Mais, au tout dernier moment, je me suis repris, et c'est votre nom que j'ai prononcé. Avec vous, le Rituel va retrouver son sens, quel qu'il soit, quel qu'il ait pu être. Elle, je n'aurais pu que l'étendre sur l'autel, lui voler ses quatorze ans, et probablement la tuer, puisque la règle du Rituel ne s'y oppose pas. Vous, je veillerai à vous extorquer implorations et supplications, mais vous ressortirez d'ici bien vivante, et sublimée aux yeux de ceux qui savent que le Rituel est un hymne.

Je vous regarde remonter lentement la longue nef de pierre noire pour venir à moi, nue. Je vous regarde avancer, nue, entre les piliers de nuit avec lesquels contraste la pâleur presque phosphorescente de votre peau, tout comme contrastent les courbes de votre corps avec la rigueur géométrique du lieu. Sans contraste, pas de poésie. Sans contraste, pas de force. Vous êtes à présent suffisamment près pour que nos regards puissent se croiser. Nos regards qui se disent l'un à l'autre que vous et moi savons que nous ne savons pas. Nous ne savons pas la véritable raison d'être du Rituel, perdue dans la nuit des temps. Pourtant, il faut bien que cette raison ait existé, dans un passé (ou un futur ?) indéfini, et qu'elle ait été puissante, pour que le Rituel garde intacte sa vigueur, et que vous, surtout vous, acceptiez de vous y livrer. Vous et moi, donc, ne savons pas, et nous le savons. Cette ignorance est vertu : le Rituel devient fin en soi, vous épargnant le déshonneur et m'épargnant l'ignominie.

Vous êtes arrivée devant l'autel, nue, faut-il le répéter ? (oui, il le faut) Vous savez que vous devez vous y étendre, nue (faut-il le répéter ?), jambes pendantes de part et d'autre du bloc de pierre glaciale. La suite est mienne : je sens les brumes des Marais monter et envahir mon cerveau. Le Rituel peut commencer...