mardi, 22 août 2006
Acquiescement
Dissolue dans les brumes des Marais, j'erre dans cet état évanescent de non-être, de presque mort, dans le temps sans durée et l'espace sans champ que sont le temps et l'espace du Rituel.
Juste là, à peine une intuition, un pressentiment plutôt qu'une véritable sensation, juste là, une lueur, infime particule de lumière, réminiscence fantomatique asphyxiée de brumes frémit. A la lisière de la conscience inconsciente se dessine l'espérance.
L'étincelle ondule d'une onde concentrique qui semble commencer à se propager dans une lenteur contemplative. Pourtant anéantis, engloutis par les brumes, nos atomes dispersés ont du garder la mémoire d'outre-tombe de la joie. Ils se reconnaissent, s'attirent irrésistiblement comme s'ils avaient été magnétisés par les rires partagés. La clarté prend de l'audace et enfle doucement, s'enroule en une spirale luminescente en tournoyant et crée une gravité qui absorbe de plus en plus de particules de nous.
Vous êtes partout, tout autour de moi, tout en moi. Votre omniprésence anime ma conscience, et juste là, la vôtre se met à palpiter à son unisson. Nous reprenons nos esprits, d'un seul esprit. Nos volontés encore baignées l'une de l'autre se différencient à présent et votre pensée se détache pour imprimer ses images à la mienne.
C'est une pensée de moi…Non plutôt, une pensée de la femme. Pas une femme parfaite et aseptisée au corps de déesse, pas une trop jeune fille trop pure, que vous auriez pu, peut être du, me préférer. Juste la pensée d'une femme. Pas vraiment jolie, pas vraiment cultivée, pas vraiment bonne maitresse de maison, pas vraiment l'archétype de la mère ou de la femme de pouvoir. Juste une femme de tous les jours, qui se réveille les yeux bouffis, qui a toujours une lessive de retard, qui grille un fusible quand la journée dépasse un certain niveau de décibels, une femme qui vit au rythme des bagarres des enfants, de ses hormones et des frustrations du quotidien. Ni un ange, ni un démon. Cette femme banale que votre intuition vous a poussé à choisir pour le Rituel et qui vous a ouvert les portes de la Prophétie. Cette femme que vous n'idéalisez pas, que vous acceptez telle quelle avec son impudique indécence, ses contradictions, son humour douteux, ses excès, ses carences, ses faiblesses et ses souffrances.
Par cette adhésion inconditionnelle, vous me redonnez naissance.
Mon corps reprend forme, les sensations refont surface, je réintègre la vie dans un éclair blanc.
Vous êtes toujours en moi, et je comprends instinctivement que je dois suivre vos pas, que je dois moi aussi embrasser tout votre être. Alors, je laisse mon amour souscrire à tout ce que vous êtes, vos doutes, vos certitudes, vos désirs , vos besoins inassouvis.
Ma respiration relance mon cœur et c'est de lui que vous montez en moi, des bouffées d'aura lumineuse s'échappant de ma bouche à chaque expiration et à votre tour vous reprenez forme.
A nouveau nus, l'indécence reprend ses droits. Entrelaces peau contre peau, peau dans peau, nous goutons la paix de cet instant d'éternité indéfinie dans le temps sans durée qu'est le temps ici. Confondus, nous échangeons un regard confiant et entendu. Notre agrément mutuel et inconditionnel nous a permis de franchir l'épreuve de l'Air. Nous détenons la Seconde Clé…
10:15 Publié dans Duos d'ecriture | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : fantasme, conte, histoire, orage, reve, supplice, complice
Commentaires
Encore un beau texte... Moi aussi, j'aime ces rares moments où "l'indécence reprend ses droits"...
Écrit par : Chris | mardi, 22 août 2006
Merci Chris, le monde fantasmagorique et pourtant bien reel du Rituel s'inscrit aussi dans le concret tout simple de la vie.
Écrit par : Aude | mardi, 22 août 2006
osmose des sens, nos ondes confondues font de nos banalités l'essence de notre beauté et se détachent aux vapeurs laiteuses nos corps à peine esquissés...
Écrit par : daniel | mercredi, 23 août 2006
daniel, les chaines de la vie s'evanouissent quand les ames fusionnent pour renaitre a elles-meme, plus qu'elles-meme.
Écrit par : Aude | mercredi, 23 août 2006
C'est simple ... les mots me manquent !
Magnfique ...
Écrit par : Lucifer | vendredi, 25 août 2006
Merci Lucifer et bienvenu dans l'univers du Rituel.
Écrit par : Aude | vendredi, 25 août 2006
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